Des systèmes agroalimentaires durables et résilients en mouvement - Nous y sommes !

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Cette année, la réunion du réseau des Partenaires pour le changement (P4C), un réseau du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), s'est tenue à Nairobi, au Kenya, les 26 et 27 juin 2024. Kah Walla, modérateur de l'événement et PDG de Strategies !, donne un aperçu des principaux résultats et apprentissages.

© GIZ

By Kah Walla

Kah Walla est une activiste, une entrepreneuse et une politicienne camerounaise. Elle est la fondatrice et PDG de la société internationale de conseil STRATEGIES ! et présidente du Réseau camerounais pour le genre et le développement. Elle a également fondé le mouvement civil Cameroun Ô'Bosso. Le réseau aide les organisations civiles locales à représenter leurs intérêts et à participer activement à l'élaboration et à la mise en œuvre des lois nationales.

All contributions

La facilitation de la réunion du réseau des Partenaires pour le changement 2024 (P4C) à Nairobi, du 26 au 27 juin, 2024, m'a laissée, ainsi qu'à de nombreux participants, un sentiment d'espoir et un peu d'exaltation. Pendant deux jours, nous avons eu un aperçu de ce à quoi ressemble un avenir où le monde, le Sud et notamment l'Afrique, met effectivement en œuvre la transformation des systèmes agroalimentaires. Ce nuage du système agroalimentaire durable sur lequel nous avons flotté a été alimenté par tous les facteurs clés de la réunion du réseau : les participants/es, le contenu, les résultats immédiats et l'ambiance générale de collaboration et de partenariat.

 

Tout d'abord, les participants. Chaque rencontre avec les membres du groupe de près de 200 personnes venues de plus de 30 pays et de 4 continents, que ce soit en séance plénière, dans des ateliers de 20 à 30 personnes ou en tête-à-tête autour d'une tasse de café ou pendant le dîner, nous a impressionné par les connaissances techniques et les expériences. Cela nous a, non seulement, donné envie d'en savoir plus mais  aussi enthousiasmés par les possibilités de travailler ensemble.  Cette année, la réunion de mise en réseau P4C a permis d'équilibrer les participants/es de catégories plurielles : fonctionnaires,  organisations d'agriculteurs,  secteur privé,  société civile,  chercheurs et  principaux groupes vulnérables (femmes et  jeunes). Les plateformes et les dialogues multi acteurs étaient sur toutes les lèvres comme l'un des principaux piliers sur lesquels repose la transformation des systèmes agroalimentaires.  La conférence a très bien réussi à être une très grande plateforme multipartite, avec un dialogue se déroulant à plusieurs niveaux pendant deux jours.  

 

Le contenu. L'un des plus grands défis de la facilitatrice que j'étais a été de faire en sorte que les participants/es arrêtent de discuter et passent à la session suivante.  Un indicateur du haut niveau d'intérêt de tous/tes pour le contenu des présentations, des panels, des ateliers et autres. Bien que le contenu ait été extrêmement riche et diversifié, certains éléments spécifiques méritent d'être soulignés :  

 

  • La contribution au processus de consultation sur la stratégie post-Malabo - Il était assez audacieux de la part des organisateurs de fixer comme objectif de la conférence que 200 personnes contribuent et se mettent d'accord sur un mémorandum de 2 pages comme contribution du réseau P4C au processus de consultation sur la stratégie post-Malabo ! C'est également l'une des réalisations de la conférence dont tous étaient les plus fiers ! Avec un comité de rédaction exceptionnel qui a recueilli des contributions lors de panels, d'ateliers et par le biais de l'application de la conférence, nous avons réussi à développer un mémorandum qui mettait en évidence : l'exigence de la mise en œuvre au niveau national, l'importance d'une redevabilité accrue des Etats membres quant à leurs engagements, la nécessité d'une stratégie holistique plus intégrée combinant l'agroalimentaire et le climat, ainsi que l'obligation d'améliorer considérablement l'inclusivité depuis la conception de la stratégie, en passant par la mise en œuvre jusqu'au suivi et l'évaluation.  Il s’agit là de  quelques-uns des points clés mis en évidence dans la contribution qui peut être trouvée ici.
  • Les ateliers sur divers aspects techniques - Huit ateliers ont été organisés sur divers sujets techniques, notamment l'agroforesterie, les réglementations et la conformité des chaînes d'approvisionnement, la résilience aux chocs du système alimentaire, la gouvernance, l'autonomisation des groupes marginalisés, etc.  Ces ateliers plus restreints ont permis aux participants/e d'approfondir et d'utiliser leurs propres expériences et connaissances pour échanger avec des experts, des praticiens et des chercheurs du domaine concerné. Ce fut l'un des formats les plus importants pour l'apprentissage et l'échange pour les participants/es et beaucoup sont repartis non seulement en ayant acquis de nouvelles connaissances, mais en ayant eu l'occasion de discuter en profondeur, de comparer les contextes et de conclure sur les éléments clés pour l'adaptation à leurs environnements spécifiques.  
  • Les panels avec des représentants des gouvernements - La gouvernance est peut-être la clé de la transformation. C'est le secteur public qui élabore les politiques garantissant les changements structurels adéquats dans le système agroalimentaire, qui peut développer les bonnes solutions et les meilleures pratiques et qui est enfin responsable devant les citoyens et toutes les autres parties prenantes.  La réunion du réseau  P4C 2024 a été l'occasion d'entendre les gouvernements nationaux d'Afrique et d'Asie, les acteurs régionaux tels que les représentants de l'Union Africaine et, surtout, le partenaire organisateur, le ministère fédéral allemand de l'économie et de la coopération au développement (BMZ). Les représentants des gouvernements étaient parfois sur la sellette, car les participants ont insisté sur l'importance de la fonctionnalité de l'État en tant que pivot d'une mise en œuvre plus efficace et plus efficiente au niveau national, ainsi que de la redevabilité envers les citoyens. Les participants.es du secteur public à la réunion P4C ont pris l'analyse et la critique à bras le corps et ont contribué de manière constructive à la discussion sur la manière d'améliorer la mise en œuvre au niveau national à l'avenir.  
  • Un partenariat dans l'air - P4C est un réseau, et les participants n'ont manqué aucune occasion de se connaître et de jeter les bases de partenariats. Les délégations nationales ont eu l'occasion de discuter avec des acteurs du même pays qui avec qui elles n'ont pas suffisamment l'occasion de se rencontrer lorsqu'ils sont dans leur pays. Au sein des groupes de parties prenantes du secteur privé, des organisations d'agriculteurs et des fonctionnaires, les discussions ont été nombreuses et intenses afin de comparer les notes, d'apprendre les uns des autres et d'analyser les possibilités de visites d'échange. Les universitaires et les chercheurs ont été fortement sollicités lorsque les pays les ont approchés pour examiner la meilleure façon d'accéder à leur expertise. Les pays africains et leurs homologues indiens ont découvert de grandes similitudes entre leurs contextes et ont immédiatement commencé à discuter des différences de fuseaux horaires afin de déterminer quand des échanges virtuels pourraient avoir lieu.

 
Dans l'ensemble, la réunion du réseau P4C 2024 nous a laissé un sentiment d'espoir parce que les bonnes personnes étaient présentes et discutaient des bons sujets ; parce que nous avons pu apporter une contribution concrète à l'élaboration de la stratégie du Programme global pour l'agriculture africaine pour les dix prochaines années ; parce que nous avons tous appris quelque chose de nouveau, acquis une nouvelle perspective et établi un nouveau lien en relation directe avec l'activité principale qui consiste à construire un monde où le droit à une alimentation suffisante, nutritive et produite de manière durable est respecté. Nous sommes également repartis sans illusions.  Le chemin vers la construction d'un tel monde est difficile, compliqué et semé d'embûches.  Cependant, nous avons identifié les obstacles, intégré la complexité dans notre réflexion stratégique et établi les relations qui garantiront notre propre résilience.

 

Je ne peux que conclure, comme l'a fait l'un des groupes d'experts de P4C, que la transformation des systèmes agroalimentaires est une tâche très difficile, mais nous sommes extrêmement optimistes car " nous sommes sur la bonne voie ! ".

 

En rentrant chez nous, nous devons simplement faire le travail pour pouvoir espérer rendre compte, lors de la prochaine réunion du réseau P4C, du chemin parcouru sur la voie de la transformation.

 

 

Voici un aperçu de la réunion de réseau P4C 2024 à Nairobi, Kenya :

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